07 — 09.05.2022

Satoko Ichihara Tokyo

Madama Chrysanthemum

théâtre / performance — premiere

Musée d’Art japonais (Musées d'Extrême-Orient)

Escalier (pour monter ou descendre) | Japonais → NL, FR, EN | ⧖ 1h | €16 / €13 | debout, pas de sièges

En 1904, Giacomo Puccini achève Madama Butterfly, un opéra qui dépeint l’histoire d’une jeune femme japonaise achetée puis abandonnée par un officier de la marine américaine, tout en reflètant l’orientalisme de l’Europe du début du siècle. La même année, la Tour japonaise est érigée à Bruxelles. Impressionné par l’Exposition universelle de Paris, Léopold II commande ce musée exotique en plein air pour le jardin de Laeken, dans le but de transporter le monde à Bruxelles. Ces dernières années, Satoko Ichihara – l’une des artistes de théâtre les plus intéressantes de sa génération – a créé une version de Madama Butterfly en partant de son point de vue de jeune femme japonaise et remettant ainsi en question la vision exotique et infantilisante du Japon que l’Occident a produite au début du siècle dernier et qui perdure encore aujourd’hui. À partir de cette recherche, elle crée une nouvelle performance à l’esthétique hybride. L’inauguration de la Tour japonaise a eu lieu le 7 mai 1905 lors d’une garden-party. Dans le même lieu, 117 ans plus tard, Satoko Ichihara présente une performance qui interroge l’existence de cette tour dans notre ville.

read more

Madama Chrysanthemum

Artiste connue pour son approche audacieuse et nuancée dans l’expression de récits en marge et occultés, la dramaturge, romancière et metteuse en scène japonaise Satoko Ichihara explique la réflexion sous-jacente à sa dernière œuvre. Son travail précédent, Madama Butterfly (2021), proposait une critique féministe cinglante du mécanisme de pouvoir, latent mais toujours d’actualité, du regard occidental porté sur les femmes asiatiques contemporaines. Dans le prolongement de son œuvre précédente, mais en décortiquant plus profondément les tabous japonais, Satoko Ichihara met en lumière la façon dont les femmes de la famille royale sont (mal) traitées dans le système impérial en vigueur dans son pays.

Satoko Ichihara : « Pour cette nouvelle production, il y aura deux acteur·ices sur scène : Kyoko Takenaka jouera le rôle de la propriétaire d’un chien, et Aurélien Estager celui du chien. La pièce se développera autour du thème de la castration des chiens, que j’ai en quelque sorte l’intention de relier au statut de l’impératrice Masako – d’où le titre : Madama Crysanthemum. L’actuelle impératrice était une brillante diplomate formée à Harvard et Oxford, mais après son mariage, son unique tâche fut de donner naissance à un·e héritier·ère. Sa fille, la princesse Aiko, a récemment assisté à la cérémonie de passage à l’âge adulte, ce qui a créé un énorme buzz dans les médias. Sur divers réseaux sociaux, les gens se sont extasiés à son sujet comme si elle était un être sacré, et ont simultanément craché des commentaires injurieux comme “elle est laide”. Depuis leur jeunesse, les Japonais·es sont éduqué·es à considérer l’empereur comme le symbole du Japon, mais en voyant toute la folie des paparazzi qui s’accélère avec Internet et la manière dont les membres de la famille royale en pâtissent, j’ai progressivement commencé à réfléchir à la raison fondamentale du système impérial. Au Japon, le simple fait de remettre en question la raison d’être de l’empereur pourrait provoquer un scandale à cause des soit-disant “tabous du chrysanthème”, qui s’apparentent davantage à une vague peur collective qu’à un tabou politique ; mais en Belgique, je peux écrire sans problème sur ce sujet. »

  • Extrait d’une interview écrite et traduite du japonais par Kyoko Iwaki, mars 2022
  • Kyoko Iwaki est conférencière en Théâtre et Performance à l’Université d’Anvers. Elle est spécialiste du théâtre japonais et marque un intérêt particulier pour les philosophies du non-humain et post-catastrophes. Elle est aussi coprogrammatrice de Theater der Welt 2023.

Présentation : Kunstenfestivaldesarts, Musées Royaux d'Art et Histoire
Textes et mise en scène : Satoko Ichihara | Avec : Kyoko Takenaka, Aurélien Estager | Surtitrage et traductions : Babel Subtitling
Commandé et produit par Kunstenfestivaldesarts | Avec le soutien de The Saison Foundation

website by lvh