24 — 27.05.2019

Lia Rodrigues Rio de Janeiro

Fúria

danse

Théâtre National

⧖ 1h10 | € 20 / € 16

Multitude sauvage ou somme d’individus, neufs danseurs forment un collectif en mutation constante. Ils se frayent un chemin parmi des mondes hantés d’images, fulgurantes et paradoxales. Dans cette succession de tableaux, les corps connaissent la domination et la soumission, l’exubérance et le calme, la joie et la douleur. Tant qu’ils lui appartiennent, ils demeurent protégés de l’inquiétude et du vertige qui émanent de cet univers tumultueux. Dans cette dernière création, Lia Rodrigues s’arme d’une virtuosité et d’une créativité furieuses et réaffirme avec force son engagement politique de longue date. A l’image du Centro de Artes da Maré, le centre d’art qu’elle a initié en partenariat avec l’Association Redes da Maré dans la favela da Maré à Rio de Janeiro, Rodrigues ancre sa pratique chorégraphique dans le vivre-ensemble et son hétérogénéité la plus profonde. Avec Fúria, la chorégraphe brésilienne met en scène une procession instable où la célébration contient toujours déjà la révolte ou la guerre. Elle donne corps à une humanité virulente qui ne se dérobe pas devant l’altérité.
 

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La Fúria résistante de Lia Rodrigues

 

Artiste brésilienne, Lia Rodrigues a implanté sa compagnie et créé une école de danse dans la favela de Maré à Rio de Janeiro. Elle présente sa nouvelle création, Fúria. « L’imagination est un espace de liberté. »

Quelles ont été vos sources d’inspiration pour Fúria ?

Les danseurs et moi avons travaillé à partir d’images que nous avons collectionnées. Des images venant de partout dans le monde, mais surtout illustrant la vie des Noirs au Brésil. L’écrivaine Conceição Evaristo, qui est afro-brésilienne et issue d’une favela, a été pour nous comme un phare dans cette recherche. Elle nous a beaucoup aidés à penser cette pièce. Nous avons travaillé avec tout ce que nous trouvions dans notre espace, de vieux vêtements, un petit bout de bois, un petit bout de plastique jeté dans un coin. Nous avons tenté de créer de la poésie à partir de ces riens cassés, abandonnés.

Comment travaillez-vous avec vos danseurs ?

Je travaille pour cette pièce avec neuf danseurs, tous très différents. Quatre d’entre eux viennent de notre école et c’est très émouvant pour moi. Je les connais depuis leur adolescence et maintenant ce sont des artistes qui parlent avec leur propre voix ! Les danseurs improvisent et j’essaie d’organiser ce que nous voulons dire en-semble. C’est comme un grand laboratoire dans lequel, pendant neuf mois, nous apportons des matériaux. La pièce s’écrit au jour le jour avec la participation de chacun. J’organise les idées qui affleurent, les désirs, les pensées ; nous parlons beaucoup.
 

Y a-t-il dans Fúria, comme dans vos précédentes pièces, un important travail plastique ?

Contrairement aux autres pièces où le public partageait l’espace avec les danseurs, celle-ci est jouée dans un dispositif frontal. Nous avons voulu faire cette expérience et cela change beaucoup de choses. Même si, comme je l’ai dit, nous ne travaillons qu’avec un matériel assez pauvre, nous essayons de créer une ambiance particulière, une sorte de baroque brésilien avec des costumes, des personnages. Actuellement, plus de la moitié des danseurs habitent dans la favela de Maré. Ils apportent cet imaginaire singulier, des couleurs différentes, une esthétique parti-culière. Nous avons des figures de roi, de reine, faites avec rien. Et j’aime cette magie du rien. On se situe dans une sorte de narration non linéaire, proche de l’imagination, du rêve. La pièce a été créée dans ce moment particulier, terrible, des élections, qui a impacté beaucoup les gens, surtout dans la favela. La Fúria nous entoure, nous sommes immergés dedans. Alors que peut-on apporter ? Peut-être un peu de calme, de silence. Mais surtout l’imagination, qui est un espace de liberté.

Propos recueillis par Delphine Baffour

Publié le 21 octobre 2018 dans
La Terrasse, n° 27

 

 

Chorégraphie : Lia Rodrigues

Dramaturgie : Silvia Soter

Création lumières : Nicolas Boudier

Collaboration artistique : Sammi Landweer

Assistante chorégraphie : Amalia Lima

Danse et création : Leonardo Nunes, Felipe Vian, Clara Cavalcanti, Carolina Repetto, Valentina Fittipaldi, Andrey Silva, Karoll Silva, Larissa Lima, Ricardo Xavier

Musique : extraits de chants traditionnels et de danses Kanak de Nouvelle Calédonie 
 

Présentation : Kunstenfestivaldesarts, Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Production : Chaillot – Théâtre national de la Danse (Paris)

Avec le soutien de : Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre du programme New Settings

Coproduction : Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles), Chaillot – Théâtre national de la Danse (Paris), Centquatre Paris, Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre du programme New Settings, Festival d’Automne de Paris, MA scène-nationale, Pays de Montbéliard, Künstlerhaus Mousonturm Frankfurt am Main, festival “Frankfurter Position 2019 –BHF-Bank-Stiftung”, Teatro Municipal do Porto, Festival DDD (Portugal), Theater Freiburg, Les Hivernales-CDNC (France), Muffatwerk (Munich)

En association avec : Chaillot – Théâtre national de la Danse (Paris); Festival d’Automne à Paris pour la performance à Chaillot – Théâtre national de la Danse (Paris)

Avec le soutien de : Adami

Lia Rodrigues est artiste associée à Chaillot – Théâtre national de la Danse (Paris) et au Centquatre-Paris

Merci à : Zeca Assumpção, Inês Assumpção, Alexandre Seabra, Mendel Landweer, Jacques Segueilla, l'équipe du Centro de Artes da Maré et au Redes da Maré

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